Le silence règne toujours. Maître du monde. ( L i bre ) *

« Alors qu’on croit qu’il n’y en a pas, le silence est toujours présent, après un mot, après une virgule ou encore un point. Après un sourire ou après un baiser. »

- Oui, oui t’as de beaux yeux…

Elke Von Mänche marchait dans les couloirs de l’Université, se dirigeant vers la sortie elle avait remarqué un garçon qui la regardait, vous ne pouvez savoir comment la jeune femme peut se sentir mal à l’aise quand une personne du sexe opposé la regarde, elle sentait déjà des frissons dans son dos quand elle répliqua cette phrase « Oui, oui t’as d’beaux yeux… », cela voulait dire en gros « Moi aussi, je t’aime. ». La sortie n’était pas très loin quand on l’interpella.

- Hey Von Mänche !
- Oui ? questionna la jeune femme, elle s’attendait à une remarque cinglante mais pas du tout.
- Tu veux bien m’accompagner ce soir à Studio 69 ?

Se retournant vers son interlocuteur, elle remarqua qu’il n’était pas mal. Dans le genre bien dragueur, il fonçait et c’était sûrement un pari entre lui et ses potes. Ils aimaient se mettre à l’épreuve, c’est souvent ce qu’on fait au Collège, on parie de sortir avec Untel, une des plus moches et pari tenu, on gagne quelque chose mais à l’Université, Elke ne se prit pas au départ dans le Jeu mais cette idée de sortir un peu n’allait pas lui faire de mal, elle n’avertirait pas ses parents et allait leur dire qu’elle allait chez une amie d’enfance. Ce qui semblait le peu convaincant puisqu’Elke n’était pas douée pour garder des amitiés très longtemps. Elle avait toujours dérapé ou alors, était-elle trop étrange à cette époque-là ? Il fallait avouer elle était une petite fille modèle à l’époque mais maintenant, regardez-la. Arborant un tee-shirt BCBG noir avec une gavroche rose fluo et un jean plutôt moulant, dévoilant ses formes à la vue des mecs, Elke n’avait rien d’effrayant et enfreindre les interdits n’était pas de refus, c’était d’abord ce qu’elle avait envisagé de faire cette année à l’Université.

- Eh bien, je n’avais rien de prévu ce soir alors pourquoi refuser ? dit-elle, avec un sourire rayonnant, elle mit son sac rose sur son épaule droite et lui fit un signe de la main avant de partir.

Le temps était rayonnant, le soleil brûlait la peau et Elke savait que si elle n’allait pas mettre de crème solaire, sa peau blanche allait cramer, c’est d’ailleurs ce qu’elle sortir de son sac « top fashion » disaient des pouffiasses de première. L’escalier crème semblait briller et l’herbe était aussi verte qu’en plein été. Mais on y était en Eté. S’étalant de la crème, sur les bras elle aurait voulu s’en mettre dans le dos et ne pouvant pas, elle râla.

- Merde…
- Un problème ? questionna le même jeune homme que toute à l’heure.
- J’vais cramer avec ce temps, j’dois me mettre d’la crème dans le dos mais j’ai pas trois bras… murmura la jeune fille assez fort pour qu’il entende.

On pouvait facilement entendre, dans les marches régnait un silence peu commun, des Etudiants fumaient quelques clopes ou se prenaient en photos avec leur nouveau portable top trop bien. Elke en avait un aussi, un tout nouveau mais préférant pas trop le sortir pour ne pas attirer tous les regards des Pouffiasses envieuses, la jeune femme l’allumait seulement en arrivant chez elle, quelques rues plus loin.

- Tu veux que je t’en mette ?
- S’il te plaît…

Et le jeune homme saisissant le pot de crème solaire, en étalant doucement sur le dos d’Elke, elle saisit ses cheveux pour qu’ils ne restent pas collés et les noua avec un élastique qui traînait par là sur son bras.

- Merci.

Le jeune homme arrêta.
Oubliant le pot de crème solaire, Elke continua son chemin pour se diriger vers un endroit calme. La plage n’allait que lui faire du bien, elle avait besoin de calme ou de discussion, de paysage agréable et pas vraiment ces chahuts, ces bruits, ces rires, elle allait retrouver ses amis après. Après une petite pause, sinon sa tête allait exploser. Son futur la préoccupant trop, elle se donnait à fond et elle épuisait toute son énergie dessus, elle avait besoin de s’amuser un peu, de se calmer aussi.

La marche vers la Plage allait être contraignant sous cette chaleur, elle aurait dû mettre un tee-shirt blanc, les gouttes de sueur perlaient sur son visage et heureusement qu’elle ne mettait pas de fond de teint, elle imaginait les têtes des grosses dindes suant à cause de leur petit footing, le maquillage coulant avec. Elke n’aimait pas vraiment ce genre de fille, se croyant être le centre du monde, se disant être la plus fashion de toutes. Après mûre réflexion, elle avait envie de les critiquer, oui dans son futur métier, c’est ce qu’elle allait faire, elle critiquera toutes ces filles. Ces petites pétasses aussi moches qu’un poisson. Et pendant cette petite partie de plaisir à critiquer chaque fille, de la Maternelle jusqu’à l’Université, Elke était arrivée. L’horizon était magnifique.

L’eau était aussi claire, le sable pas vraiment blanc mais il n’était pas aussi sale que vous le croyez. Posant son sac, Elke prit son iPod Nano et ré-ajusta sa gavroche sur sa chevelure brune ( en ce moment, Elke a une coupe de cheveux au carré avec deux petites mèches partant sur les côtés ), elle enleva ses Vans avec des lacets aussi roses que sa gavroche et alla mettre ses pieds dans l’eau, la fraîcheur entrée dans son corps, la jeune femme s’assit près de son sac et alluma son iPod sur Zombie des Cranberries.

Quant vint une personne pour briser ce silence. Elke regarda son iPod. Pause.

« Alors qu’on croit qu’il n’y en a pas, le silence règne. Maître du monde. »